La Loterie Romande : Sociale vue de l’extérieur, mais beaucoup moins de l’intérieur ?

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Tout le monde connaît la Loterie Romande, entreprise locale au service du bien commun, redistribuant au sport et à la culture plus de 200 millions de francs par an en Suisse Romande. Une institution qui revendique une image sociale, bienveillante et responsable.

Comme tous les acteurs des jeux d’argent, elle a d’ailleurs fait la une des médias cette année dans le cadre de la votation concernant la nouvelle loi sur les jeux d’argent, que la Loterie défendait évidemment bec et ongles, puisque ce texte, accepté le 10 juin dernier par le peuple suisse, lui assure une situation de quasi-monopole pour les jeux d’argent hors casinos (pour le bien de tous, donc, évidemment).

Cette même entreprise sociale (comme on peut le lire dans sa charte),  avait déjà, il y a quelques années, externalisé l’entier d’un service opérationnel qui gérait les courses de chevaux du « PMU romand ». Plusieurs personnes avaient été remerciées sans ménagement. Depuis cette date, le PMU romand, malgré son nom, est opéré en France.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle charrette qui a pris par surprise les employés de la Loterie Romande : 4 de leurs collègues, pour la plupart âgés de plus de 50 ans, ont reçu leur congé brutalement aujourd’hui : Pour des raisons d’efficience et d’efficacité, la direction de l’entreprise revoit ses processus : Elle réorganise ses opérations.

La nouvelle loi sur les jeux d’argents ouvre de nouvelles perspectives à la LoRo : Développement des jeux en ligne, réduction de la concurrence des sites de jeux étrangers, et autres. Elle va pouvoir développer de nouvelles offres. Pourtant, elle licencie brutalement des employés sans réussir à  trouver de solution interne pour certains de leurs collègues qui quitteront l’ Entreprise à la fin de cette année. Difficile de trouver une logique autre que purement économique à cela. Difficile d’imaginer qu’une entreprise en pleine expansion grâce à cette nouvelle loi ne puisse pas, si elle en avait envie, maintenir ses emplois et trouver une nouvelle affectation à ces licenciés.

Le plus drôle (si on peut dire…), c’est que la communication interne du directeur justifie cette restructuration par la nouvelle loi :

Aujourd’hui, la nouvelle loi sur les jeux d’argent pose des exigences élevées envers notre Société en termes de modernisation, d’efficience et d’efficacité.

La Loterie qui a, rappelons le, défendu fermement, avec beaucoup d’énergie et d’argent, cette nouvelle loi, utilise maintenant cette même loi pour justifier des licenciements. C’est pour le moins maladroit, et cela nous prouve en tout cas que l’objectif de l’entreprise est d’augmenter son rendement à tout prix, même si c’est au détriment des valeurs sociales qui devraient exister au sein d’une telle entreprise « au service du bien public ».

Un vrai décalage potentiel entre l’image que la Loterie veut donner en externe par rapport à sa culture d’entreprise, donc.