Une BD pour mieux saisir les impacts environnementaux de l’IA

Une BD pour mieux saisir les impacts environnementaux de l’IA
09.05.25 – En collaboration avec l’auteur et dessinateur Herji, le Centre des sciences de l’apprentissage (LEARN) de l’EPFL sort Utop’IA. Une BD pédagogique qui explore l’intelligence artificielle sous l’angle de ses enjeux écologiques. Elle sera à découvrir dès le 20 mai, à l’occasion d’un vernissage ouvert au grand public qui se déroulera à 18h30 au Rolex Learning Center.L’intelligence artificielle (IA) s’infiltre partout, inonde les médias et les discours. Omniprésente, elle touche tout le monde, mais sait se rendre invisible. Pour beaucoup, elle reste un concept abstrait, un outil intangible aux contours flous. Pourtant, elle implique un nombre important de ressources qui sont pour leur part bien palpables et matérielles. C’est ce que va découvrir dans la BD Utop’IA Aïcha, étudiante en Master d’intelligence artificielle en compagnie de son ami Félix. Un ouvrage pédagogique dédié aux enjeux écologiques de l’IA, initié par le Centre LEARN de l’EPFL, et créé en collaboration avec l’auteur et dessinateur Herji.

« Nous avons choisi d’empoigner l’IA sous l’angle environnemental car il permet de montrer sa matérialité, explique Sonia Agrebi, spécialiste de la sociologie du numérique et cheffe de projets au Centre LEARN. Le but de la BD est de présenter ce que l’IA peut apporter à l’environnement mais aussi ce qu’elle lui coûte. On l’utilise sans se rendre compte de son impact. Notre objectif n’est pas de moraliser ou de culpabiliser, mais de questionner, d’expliquer et d’amener les connaissances nécessaires pour une prise de conscience des enjeux de l’IA. »

La BD s’appuie sur des bases scientifiques très solides, puisqu’un comité constitué d’expertes et experts de l’EPFL en IA, en durabilité et en sciences de l’apprentissage, a revu chaque détail du scénario. « L’intelligence artificielle est en train de prendre un rôle important dans notre vie de tous les jours, et je trouve alarmant qu’on parle très peu des impacts environnementaux que cela génère, remarque Francesco Mondada, membre du comité en tant que professeur de robotique à l’EPFL, et directeur académique du Centre LEARN. La BD offre un accès facilité à ce sujet complexe. Par exemple, beaucoup de monde s’amuse à créer des images grâce à l’IA pour n’importe quelle occasion, ne comprenant pas qu’on est en train d’utiliser des ressources critiques.»

Notre objectif n’est pas de moraliser ou de culpabiliser, mais de questionner, d’expliquer et d’amener les connaissances nécessaires pour une prise de conscience des enjeux de l’IA.

Sonia Agrebi, spécialiste de la sociologie du numérique et cheffe de projets au Centre LEARN

Destinée en priorité aux adolescentes et adolescents, la BD a été pensée comme un outil de discussion pour les enseignantes et enseignants du secondaire I et II. Publiée aux éditions EPFL Press, elle invite à plonger dans les deux facettes de l’IA. « Un grand défi a été de trouver l’équilibre entre les coûts et les bénéfices de l’IA au niveau environnemental. J’ai mis en scène cette dissonance en créant des duos de personnages qui illustrent différents points de vue, détaille le dessinateur Herji. Pour l’aspect explicatif, j’ai imaginé une professeure qui sort du cliché de l’expert 1er degré et en surplomb. Je ne voulais pas de ligne de démarcation entre elle et les autres personnages. »

Entre Utop’IA et M.I.A.M.

L’exploration débute dans le monde d’Utop’IA, avec une guide qui a l’emphase de remerciements rédigés avec ChatGPT. Univers propre, silencieux et placardé d’affiches de « Melon Usk » et « Jeff Pesos ». Grâce à des logiciels et appareils intelligents, l’énergie et l’eau ne sont pas gaspillées, la qualité de l’air est surveillée, les déchets diminués, triés et recyclés. De l’autre côté, M.I.A.M., le monde de l’IA matérielle, avec ses mines, ses usines et sa pollution. C’est un vieux loup de la science qui fait le tour du propriétaire. L’IA n’est rien sans 1,4 millions de km de câbles sous-marins (30 fois le tour de la Terre) qui font fonctionner Internet, d’immenses data centers gourmands en eau et en énergie, et des dizaines de milliards d’appareils numériques et autres objets connectés dont la production exige d’extraire des métaux parfois rares.

Mais Utop’IA ne s’arrête pas à cette vision manichéenne, elle explore aussi l’entre-deux, le cadre à poser pour une IA durable qui bénéficie à l’ensemble de la société. « Chaque innovation majeure change profondément la société et l’IA ne fait pas exception. On parle beaucoup de ce qu’on peut en faire techniquement mais nous devons nous poser la question de son intégration à la société, de sa gouvernance, de sa surveillance, relève Sascha Nick, chargé de cours, collaborateur au laboratoire d’économie urbaine et de l’environnement (LEURE) et membre du comité scientifique mis en place pour la BD. L’intelligence artificielle est un outil potentiellement merveilleux mais pour qu’elle le soit il faut s’assurer qu’on la gère correctement. Il faut être vigilant, garder un esprit critique vis-à-vis du discours hégémonique. Actuellement, nous mettons beaucoup de pouvoirs entre les mains d’un petit nombre d’entreprises basées aux Etats-Unis et en Chine. »

Activités pour les enseignantes et enseignants

Forger l’esprit critique en amenant une meilleure compréhension du fonctionnement de l’IA, c’est justement le but de la BD qui pourra être téléchargée gratuitement dès le 20 mai. Pour les enseignantes et enseignants, le Centre LEARN a d’ailleurs imaginé plusieurs activités pédagogiques débranchées (sans écran), telles que des « jeux sérieux », en lien avec l’ouvrage. « Nous avons une petite communauté d’enseignantes et enseignants qui nous permet de tester nos idées, d’avoir des feedbacks et de les adapter pour qu’elles correspondent à leurs besoins en classe », explique Sonia Agrebi. En suscitant le dialogue et les échanges, ces activités permettent de saisir les rouages de l’IA, qui, comme le rappelle dans la BD la professeure Eliza, n’est « ni intelligente, ni artificielle », puisqu’elle est ce que nous, êtres humains, en faisons.

Le vernissage de la BD Utop’IA , ouvert au grand public, se déroulera le mardi 20 mai à 18h30 au Rolex Learning Center de l’EPFL. Au programme, des discussions avec l’auteur et dessinateur Herji, avec les expertes et experts du comité scientifique et l’équipe du Centre LEARN à l’origine du projet. Une exposition présentera les coulisses de la conception de la BD et les ressources pédagogiques créées sur la thématique de l’IA et de ses impacts environnementaux. L’événement sera suivi d’un apéritif. L’entrée est gratuite, mais l’inscription obligatoire via la billetterie en ligne accessible ici.
La BD sera disponible dès le 20 mai à la vente et en téléchargement gratuit. 

Laureline Duvillard

Voir la source

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *